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7 mai 2018 1 07 /05 /mai /2018 19:41

En avril, la concentration de CO² dans l'atmosphère a dépassé en moyenne 410 parties par million (ppm) sur l'ensemble du mois, selon les résultats de l'observatoire de Mauna Loa à Hawaii. Jamais un tel niveau de concentration n'avait été atteint en 800.000 ans.

C'est la première fois dans l'histoire des lectures de l'observatoire de Mauna Loa à Hawaï qu'une moyenne mensuelle atteint un tel niveau: en avril, la concentration de CO2 dans l'atmosphère a dépassé en moyenne les 410 parties par million (ppm).

Cela représente une augmentation de 30% de la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère mondiale depuis le début de la courbe de Keeling en 1958, explique la Scripps Institution of Oceanography de l'Université de Californie à San Diego.

Courbe de Keeling

La Courbe de Keeling tire son nom de son créateur et de la forme de ses données. Cette courbe a dépassé les 400 ppm dans l'air pour la première fois de l'histoire de l'humanité en 2013. Avant le début de la révolution industrielle, les niveaux de CO2 avaient fluctué. Mais jamais durant les 800.000 dernières années, elles n'avaient dépassé les 300 ppm.

Le dioxyde de carbone est appelé gaz à effet de serre pour sa capacité à piéger le rayonnement solaire et à le maintenir confiné dans l'atmosphère. C'est le plus répandu parmi tous les gaz à effet de serre produits par les activités humaines et sa présence dans l'atmosphère est attribuée à la combustion de combustibles fossiles.

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21 avril 2018 6 21 /04 /avril /2018 20:50
Vers un refroidissement de l'Atlantique nord... à cause de réchauffement climatique ?

Rémi Lévêque

D’après deux études publiées le 11 avril dans le magazine Nature, le ralentissement des courants de l’océan Atlantique (AMOC) pourrait entraîner un refroidissement climatique local, via le Gulf Stream, un de ses courants principaux. Cette baisse de débit significative constatée par les scientifiques pourrait paradoxalement être causée par le réchauffement climatique et contribuer à l'accélérer.

Les climatosceptiques qui, comme Donald Trump, nient le réchauffement climatique avec des arguments tels que : « Les températures sont fraîches, cela prouve bien qu’il n’y a pas de réchauffement », vont être décontenancés par les dernières recherches menées sur le sujet.

Nous vous parlions déjà il y a un an d'une étude franco-britannique qui alertait sur le risque de refroidissement brutal de l'Atlantique Nord. Deux nouvelles études publiées le 11 avril dans la revue Nature appuient ces inquiétudes et estiment que le réchauffement global pourrait engendrer une baisse des températures en Europe de l’Ouest et une montée plus rapide des eaux à cause de la fonte des glaces. Un scénario digne du film catastrophe Le jour d’après de Roland Emmerich, sorti en 2004, mais tout ce qu’il y a de plus sérieux.

Pour avoir un élément de comparaison, cette diminution équivaut au débit de 15 fleuves de la taille de l’Amazone

La première, menée par l’équipe de David Thornalley, du département de géographie de l'université de Londres, affirme que les courants océaniques de l’Atlantique qui influencent notre climat tempéré n’ont jamais été aussi faibles depuis 1600 ans. Les scientifiques estiment que ces courants ont diminué de plus de 15 %, soit plus de 3 millions de mètres cubes par seconde en moins. À titre de comparaison, cette diminution équivaut au débit de 15 fleuves de la taille de l’Amazone.

Une circulation bien rodée

Or, ces courants océaniques de l'Atlantique Nord aussi appelés AMOC (Atlantic meridional overtuning circulation) dont le Gulf Stream fait partie, influencent particulièrement notre climat. Ils prennent racine dans les zones tropicales de l’océan Atlantique (au large de le Floride et des Caraïbes) et remontent par le biais du Gulf Stream vers les pays d’Europe de l’Ouest qu’ils réchauffent. Ensuite ils continuent leur chemin vers la mer Arctique où leur température diminue. Devenant de plus en plus froids, donc lents et lourds, ces derniers passent sous les eaux plus chaudes sur place pour repartir vers le sud et recommencer ce trajet encore et encore.

Schéma de l'itinéraire des courants océanique de l'Atlantique et de leur lieux de refroidissement et de réchauffement © Nature

Et c’est justement sur ce dernier point que le bât blesse. Cette mécanique bien huilée est fortement mise à mal par la fonte des glaces : l’eau fraîche et peu salée délivrée par les glaciers ne permet plus aux courants de plonger et d’opérer leur retour vers le sud. L'ensemble du cycle des AMOC risque ainsi de s'enrayer.

« Si le système continue de faiblir, cela pourrait perturber les conditions météorologiques depuis les États-Unis et l'Europe jusqu'au Sahel »

Selon la Woods Hole Oceanographic Institution qui a participé à l'étude de Thornalley : « Si le système continue de faiblir, cela pourrait perturber les conditions météorologiques depuis les États-Unis et l'Europe jusqu'au Sahel et provoquer une hausse plus rapide du niveau des mers sur la côte est des États-Unis ».

Un constat similaire mais pas au même moment

Ce constat est étayé par la seconde étude publiée dans Nature, menée par Levke Caesar et Stefan Rhamstorf, de l'Institut de recherche de Potsdam, qui constate un ralentissement des courants atlantiques depuis les années 1950 et qui pointe du doigt l’activité humaine comme responsable de l’accélération de la fonte des glaces, et donc du ralentissement des courants.

Visualisation de la température et des trajets des différents courants de l'Océan Atlantique © Nasa

La première étude, elle, fait commencer encore plus tôt le phénomène de ralentissement des AMOC. Les chercheurs ont étudié les grains de sable déposés par les courants dans les fonds marins à proximité des côtes canadiennes dans l’océan atlantique. Ils se sont alors aperçu que plus ces derniers étaient gros, plus le courant devait être fort.

Ainsi en comparant les sédiments datant de différentes époques, ils ont réussi à démontrer que le courant avait été plutôt stable entre l’an 400 et 1850. Pour eux, les courants Atlantique ont donc commencé à ralentir dès le milieu du XIXe siècle. Plutôt que d'incriminer le réchauffement climatique causé par l'homme, ils évoquent le rôle possible de la fin de « petit âge glaciaire » qui s'acheva dans la région atlantique nord à cette période et libéra dans l'océan de l'eau fraîche issu de la fonte des glaciers.

Des hypothèses confirmées

Quelle que soit la cause ayant initié le phénomène, la fonte actuelle des glaces pourrait accentuer le problème. En 2015, une autre étude menée le climatologue Stefan Rahmstorf et publiée dans la revue Nature Climate Change expliquait déjà que le refroidissement progressif de l’océan Atlantique pouvait s’expliquer par le réchauffement climatique.

Les pays bordant l’Océan Atlantique pourraient notamment voir leur température diminuer de 2°C

Grâce à plusieurs simulations, ils étaient arrivés à la conclusion qu’il y avait 50 % de chances qu’un refroidissement global des températures frappe l’Europe de l’Ouest au cours du XXIe siècle. Les pays bordant l’océan Atlantique pourraient voir leur température diminuer de 2°C, voire plus. 

Pour Stefan Rahmstorf, la fonte des glaces au Groenland va s’accélérer dans le futur, ce qui rend la perspective d’un ralentissement du système océanique encore plus probable. « Je pense que cela va nous affecter tous, fondamentalement, d'une manière négative », ajoute-t-il à la fin de son étude.

David Thornalley souligne de son côté le rôle de ces courants dans l'absorption et le stockage du dioxyde de carbone, principal responsable du réchauffement climatique. Si ces courants océaniques faiblissent, ils absorberont moins de carbone, lequel restera dans l'atmosphère, accélérant le réchauffement et alimentant encore le processus.

 

SUR LE MÊME SUJET :

> Comment maintenir le réchauffement climatique sous 1,5°C

> Changement climatique : les 8 apocalypses à venir

> Chers climatosceptiques, le réchauffement ne s'est pas stabilisé

> Limiter le réchauffement à 2°C : c'est mort (ou presque)

 

Image à la Une : Extrait du film Le Jour d'Après de Roland Emmerich 

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16 avril 2018 1 16 /04 /avril /2018 23:32
Le Gulf Stream mollit et ce n'est pas bon signe
Actualités / Planète /
 

Dilués par la fonte des glaces, les courants océaniques circulent moins vite dans l'Atlantique. Ce ralentissement record favorise les tempêtes en Europe.

Repères

Qu'est-ce qui ne tourne plus rond pour ce courant marin ?

Le Gulf Stream perd de sa vigueur dans l'Atlantique. Du jamais vu depuis des décennies, alertent deux études britannique et américaine publiées mercredi dans la revue scientifique Nature. Plus inquiétant : ce ralentissement s'est accéléré ces cinquante dernières années.

L'effet d'un manque de sel ?

C'est encore la faute du réchauffement climatique. En fondant, glaciers et banquise libèrent de l'eau douce dans l'Atlantique. Moins « lourde » que l'eau salée, elle dilue les courants qui « ne sont plus assez denses pour couler », résume David Thornalley, co-auteur d'une des études et chercheur à l'University College de Londres.

Cela suffit à enrayer le « tapis roulant » du Gulf Stream. En temps normal, ce courant est activé par la remontée des eaux chaudes des zones tropicales de l'Atlantique. En filant vers le nord, elles réchauffent l'atmosphère du littoral européen.

Avant de refroidir, de se densifier en se chargeant de sel, puis de repasser sous les eaux chaudes en repartant vers le sud.

La boucle est bouclée. La fonte des glaces, en modifiant la densité des eaux dans le Nord, enraye le mécanisme.

Est-ce grave ?

Oui. Des courants moins forts peuvent suffire à déclencher plus de tempêtes hivernales en Europe et à « déplacer la ceinture tropicale de pluies ». Sécheresse au Nord, inondations au Sud... « Cela perturbera les conditions météorologiques depuis les États-Unis et l'Europe jusqu'au Sahel », préviennent les chercheurs américains de la Woods Hole Oceanographic Institution.

Avec un effet boule de neige qui « pourrait provoquer une hausse plus rapide du niveau des mers sur la côte Est des États-Unis ».

Quel impact sur la nature ?

Un chamboulement total. En brassant les eaux, les courants marins charrient une ribambelle de nutriments, de coraux, de poissons et... de grains de sable. Gourmands en dioxyde de carbone (CO2), ces éléments contribuent à limiter les émissions de gaz à effet de serre.

Mais tous ne résisteront pas à une variation de la température des eaux dans lesquelles ils évoluent.

Pour les scientifiques qui ont réalisé l'étude, cela pourrait « affecter certaines espèces de poissons importantes pour les humains, ainsi que la quantité de plancton, d'oiseaux et de baleines ».

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30 mars 2018 5 30 /03 /mars /2018 21:02

Deux études publiées simultanément par le CNRS et le Musée d'histoire naturelle pointent du doigt la diminution significative du nombre d'oiseaux dans les campagnes. Un tiers des oiseaux a disparu en 15 ans.

L'alouette des champs perd plus d'un individu sur trois
L'alouette des champs perd plus d'un individu sur trois © Getty / Michael Breuer

C'est la disparition des oiseaux, qui a alerté au moins un instant.

"T'as vu, y'a de moins en moins d'oiseaux!"  Certaines Alouettes, tourterelles, perdrix, fauvettes ont disparu. Et bientôt, ce sera "T'as vu on entend rien. On entend plus le printemps arriver"  Mais c'est pas tout. Le dernier rhinocéros blanc du Kenya est mort.  Le stock de poisson est en chute libre. Et puis les insectes et les abeilles. Et puis l'état des sols et des forêts. Ce sont nos écosystèmes qui disparaissent parce qu'on a trop tiré sur la corde. Et qu'on continue. Curieusement; ces rapports qui s'accumulent pour nous mettre en garde sont encore moins regardés que ceux du réchauffement climatique. Qu'on a mis tant de temps à prendre au sérieux. Cette sixième extinction de masse, la première causée par nous, on ne la voit pas, on ne l'imagine pas. Et pourtant cultures extensives, monocultures, utilisation des herbicides, surpêche sont pointés du doigt. 

Peut-on revenir en arrière? Faut-il modifier en profondeur nos modes de production? Ou sommes nous condamnés à des drones pollinisateurs, comme il en existe déjà? 

 
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23 mars 2018 5 23 /03 /mars /2018 17:10
Leila Marchand Le 22/03 à 12:46

image: https://www.lesechos.fr/medias/2018/03/22/2163354_la-terre-vient-de-vivre-les-trois-annees-les-plus-chaudes-de-lhistoire-de-la-meteorologie-web-tete-0301470649942_1000x533.jpg

Un « SOS » géant dessiné plantation d'huile palme Indonésie, culture déforestation qu'elle engendre participent augmenter émissions gaz effet serre.
 
Un « SOS » géant a été dessiné dans une plantation d'huile de palme en Indonésie, où cette culture et la déforestation qu'elle engendre participent à augmenter les émissions de gaz à effet de serre. - PA

Les phénomènes observés actuellement en Australie, dans l'Arctique ou en Afrique du Sud, tendent à placer 2018 sur une même trajectoire.

Le constat se répète, mais il est toujours aussi alarmant : la planète ne cesse de battre des records de température, signe que les émissions de gaz à effet de serre produites par l'homme n'ont toujours pas été enrayées. D'après le rapport annuel de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), publié ce jeudi, les trois dernières années ont été les plus chaudes de l'histoire de la météorologie.

Hors années frappées par le phénomène El Niño - un courant qui affecte régulièrement le climat mondial - 2017  a été l'année la plus chaude recensée . Les températures moyennes mondiales en 2017 étaient d'environ 1,1 °C au-dessus des températures préindustrielles.

Autres indicateurs inquiétants : la moyenne mondiale sur cinq ans, de 2013-2017, est la moyenne quinquennale la plus élevée jamais enregistrée et les neuf années les plus chaudes ont toutes eu lieu depuis 2005.

image: https://www.lesechos.fr/medias/2018/03/22/2163354_la-terre-vient-de-vivre-les-trois-annees-les-plus-chaudes-de-lhistoire-de-la-meteorologie-web-0301470812538.jpg

Températures moyennes mondiales par rapport à la période préindustrielle - European Environment Agency
Températures moyennes mondiales par rapport à la période préindustrielle - European Environment Agency
320 milliards de dollars de dégâts

L'année 2017 a également été marquée par des évènements extrêmes. « La saison des ouragans, très active en Atlantique Nord, les grandes inondations de mousson dans le sous-continent indien et la sécheresse persistante dans certaines parties de l'Afrique de l'Est ont contribué à en faire l'année la plus coûteuse en matière de phénomènes météorologiques et climatiques violents », peut-on lire dans le rapport.

 

L'OMM cite une étude du réassureur allemand Munich Re qui estime que les pertes matérielles liées à des événements météorologiques ou climatiques ont représenté 320 milliards de dollars en 2017, du jamais vu.

2018 sous de mauvais auspices

L'année 2018 semble suivre la même voie. « Le début de l'année 2018 a continué là où 2017 s'était terminée, avec des épisodes météo extrêmes qui coûtent des vies et détruisent des moyens de subsistance », écrit le secrétaire général de l'agence onusienne, Petteri Taalas, dans ce rapport.

« L'Arctique a connu des températures anormalement élevées, tandis que des régions densément peuplées de l'hémisphère nord ont été saisies par le froid glacial et les tempêtes hivernales dévastatrices. L'Australie et l'Argentine ont subi des vagues de chaleur extrêmes, pendant que la sécheresse s'est poursuivie au Kenya et en Somalie, et la ville sud-africaine de Cape Town a souffert de  graves pénuries d'eau  », poursuit le secrétaire général.

image: https://www.lesechos.fr/medias/2018/03/22/2163354_la-terre-vient-de-vivre-les-trois-annees-les-plus-chaudes-de-lhistoire-de-la-meteorologie-web-0301470806205.jpg

Carte des températures globales, de janvier à décembre 2017. - NOAA
Carte des températures globales, de janvier à décembre 2017. - NOAA
Emissions mondiales de CO² à un plus haut

Au cours du dernier quart de siècle, l'organisation onusienne souligne par ailleurs que « les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone sont passées de 360 parties par million (ppm) à plus de 400 ppm », ce qui est bien au-dessus des variations naturelles au cours des 800.000 dernières années.

Ces concentrations « resteront au-dessus de ce niveau pour les générations à venir, engageant notre planète vers un avenir plus chaud, avec plus de phénomènes extrêmes », a prévenu Petteri Taalas. Ces nouvelles mesures confirment le consensus scientifique sur la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique.

Leïla Marchand
@LeilaMarchand
 

En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0301470600733-la-terre-vient-de-vivre-les-trois-annees-les-plus-chaudes-de-lhistoire-de-la-meteo-2163354.php#uYQxKJ5J3DQETpxi.99
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16 mars 2018 5 16 /03 /mars /2018 18:38

 
Avec le réchauffement climatique, les hivers seront de plus en plus rudes

Avec le réchauffement climatique, les hivers seront de plus en plus rudes

 
 
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Et si le réchauffement climatique entraînait, paradoxalement, des hivers plus froids et plus maussades ? C’est le résultat d’une étude récente publiée dans la revue Nature.

C’est une conséquence relativement contre-intuitive du réchauffement climatique : il pourrait rendre les hivers plus rudes. C’est en tout cas ce qu’affirme une étude publiée récemment dans la revue Nature par un groupe de scientifiques américains et canadiens dirigés par Judah Cohen, chercheur au MIT.

Mais alors, pourquoi et comment un monde qui se réchauffe peut-il entraîner des hivers plus froids, plus extrêmes et avec plus de neige ? La réponse se trouve en Arctique. On vous explique.

Réchauffement climatique : quand l’Arctique est chaud, les hivers sont froids

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Le principal enseignement de l’étude est de souligner une corrélation statistique remarquable entre les températures arctiques et les épisodes hivernaux extrêmes. En résumé, en regardant toutes les données climatiques du siècle dernier, on s’aperçoit qu’à chaque fois que l’Arctique est plus chaud, l’hiver sur l’hémisphère Nord devient froid, rude et chaotique, avec plus de tempêtes, de chutes de neige et des températures record.

L’épisode de froid intense vécu aux Etats-Unis au début du mois de janvier, ou celui (plus relatif) vécu en Europe à la fin du mois de février sont de bons exemples de ces phénomènes extrêmes. Et cette année encore, on a pu constater que ces épisodes ont eu lieu en même temps qu’une année record en termes de chaleur en Arctique : cette saison, les températures au Pôle Nord étaient jusqu’à 25 degrés au dessus des moyennes de saison. La corrélation se vérifie donc encore une fois : quand l’Arctique est chaud, les hivers sur l’hémisphère Nord sont chaotiques.

L’Arctique : l’une des régions les plus frappées par le réchauffement climatique

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Le problème, c’est que l’Arctique est l’une des régions les plus touchées par le réchauffement climatique. En effet, toutes les régions du monde ne sont pas impactées de façon homogène par la montée des températures. L’Arctique est l’une des régions du monde où les températures augmentent le plus vite : environ 2 fois plus vite que dans le reste du monde.

Cela est en partie lié aux circulations atmosphériques, qui ont tendance à entraîner un réchauffement plus important de l’air circulant autour de l’Arctique. Mais c’est aussi lié à la nature même de cette région. Comme elle est essentiellement composée de neige et de glace, l’effet d’albedo joue à plein dans la région Arctique. Cela signifie qu’en temps normal, une grande partie de la chaleur dégagée par le soleil est renvoyée vers l’espace par la réflection sur la glace et la neige. Sauf qu’avec l’augmentation des taux de gaz à effet de serre, cet albedo diminue : une bonne partie de la chaleur réfléchie par la glace est piégée dans l’atmosphère et donc, la température monte. Ce faisant, la chaleur fait fondre la glace et la neige. Il y a donc plus de terre, de rochers et d’eau, qui eux, absorbent la température sans la renvoyer. Et il fait donc encore plus chaud ce qui accentue le phénomène de réchauffement.

Cette sensibilité au réchauffement climatique laisse penser que de plus en plus souvent, les hivers en Arctique risquent d’être plus chauds que la moyenne. En même temps, les hivers européens risquent d’être plus froids.

Comment la température de l’Arctique influence les hivers de l’hémisphère Nord

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Bien sûr, l’étude ne démontre qu’une corrélation entre les températures arctiques et la nature des hivers de l’hémisphère Nord, pas une causalité expliquée. Cependant, selon les chercheurs à l’origine de l’étude, les données actuelles laissent penser que c’est le « vortex polaire » qui pourrait être à l’origine de cette corrélation.

Le vortex polaire est un système basse pression qui tourbillonne autour de la région polaire. Normalement, les circulations atmosphériques classiques concentrent ce vortex autour du pôle, mais certains scientifiques affirment qu’avec l’augmentation des températures, ces circulations sont modifiées. La principale conséquence serait de diminuer l’attraction du vortex autour du pôle, ce qui l’entraînerait plus au Sud, c’est à dire sur l’Europe du Nord et l’Amérique du Nord notamment.

Or comme ce vortex basse pression est chargé d’air froid, en dérivant vers le Sud, il apporterait avec lui des températures basses, mais aussi tous les phénomènes météo classiques liées aux dépressions : pluies, neige, humidité, vent…

En résumé, la prochaine fois que vous trouverez qu’un hiver est trop froid ou trop humide, ne faites pas comme Donald Trump l’erreur de croire que ça remet en cause le réchauffement climatique. Au contraire, c’est à cause de lui. Your move Donald.

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13 mars 2018 2 13 /03 /mars /2018 19:33

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Le GIEC a trente ans : son histoire, son rôle... et un climat toujours plus chaud
13 mars 2018 / Entretien avec Hervé Le Treut
 

 

Ce mardi, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) célèbre ses trente ans en même temps qu’il ouvre sa 47e session plénière à l’Unesco, à Paris. Le climatologue Hervé Le Treut revient sur les origines d’une institution qui a imposé au monde son diagnostic sur le changement climatique, sans pour autant parvenir à pousser les États à l’action.

Hervé Le Treut est un climatologue français, membre de l’Académie des sciences et directeur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace. Il a longtemps participé aux travaux du Giec.

Hervé Le Treut.

Reporterre — Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), créé en 1988 sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), fête ses trente ans ce mardi 13 mars. Dans quel contexte a-t-il été mis en place ?

Hervé Le Treut — À l’époque, on n’observait pas encore le changement climatique mais on savait que des gaz à effet de serre commençaient à s’accumuler dans l’atmosphère. En 1979 est sorti le rapport de Jule Charney sur le réchauffement climatique. Ce chercheur très respecté, inventeur des équations du tourbillon quasi-géostrophique, y annonçait qu’un doublement de la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2) entraînerait une hausse des températures comprise entre 1,5 et 4,5 °C. On savait déjà que ces chiffres étaient énormes, équivalents à une transition glaciaire-interglaciaire. À l’époque, on émettait moins de gaz à effet de serre qu’aujourd’hui et cet horizon semblait encore assez lointain. Mais il n’a cessé de se rapprocher depuis.

En 1980, a été mis en place le Programme mondial de recherche sur le climat. Il s’est ajouté à un programme de recherche sur l’atmosphère déjà existant, le Garp (Global Atmospheric Research Program). Tous deux étaient sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale, avec des participations de l’Unesco et de l’Icsu (Conseil international pour la science). Ces programmes ont été l’occasion de commencer à lier les disciplines les unes aux autres : des liens ont été établis entre atmosphère et océans, entre disciplines d’observation et de modélisation.

Le Giec a été créé huit ans plus tard, à la fois d’une initiative de scientifiques conscients d’être face à un problème difficile et important à médiatiser, et d’une décision politique — quand on ne sait pas quoi décider quand on est interpellé sur un problème, on crée une commission (rires).

À l’époque, ce groupe était très confidentiel. J’étais déjà engagé dans l’étude du changement climatique. Je travaillais depuis dix ans au Laboratoire de météorologie dynamique (LMD). J’avais commencé à faire des simulations de changement climatique grâce au premier modèle climatique, en 1986. C’est pourquoi j’ai fait partie des chercheurs sollicités à la création du Giec. J’avais été invité à assister à une réunion à New York et je n’ai jamais trouvé de financement pour m’y rendre ! Mais par la suite, le Giec a joué un rôle majeur.


Quelle était la vocation du Giec à sa création ?

Il ne s’agissait pas d’un programme de recherche — la recherche se fait dans les laboratoires — mais d’une entreprise de médiation extrêmement originale. Elle consiste en un recueil d’informations sur les changements climatiques issues de publications scientifiques, avec la volonté d’en faire l’assessment — le mot qui me vient pour le traduire en français est « évaluation », même si ce n’est pas le plus proche — puis la synthèse sous forme de rapports.

Dès le début, la volonté du Giec était de déterminer les éléments de consensus. Cela a suscité quelques incompréhensions, puisque la recherche consiste au contraire à être à la limite du savoir. La revue finale du rapport, avant publication, est assurée par des experts nommés par les gouvernements. Ils se réunissent pendant une semaine et révisent ligne par ligne la quinzaine de pages du résumé du rapport, jusqu’au consensus.

Même si les scientifiques auteurs du rapport ont toujours le dernier mot, les discussions peuvent être houleuses. Lors du dernier rapport, j’étais expert français pour la partie du groupe 3. L’expert chinois a refusé certains diagrammes socio-économiques qui répartissaient les pays en trois groupes : les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), les émergés, comme la Chine, le Brésil… et les pays en voie de développement. La Chine ne voulait que deux groupes ! Elle a tenu bon jusqu’au bout et les diagrammes ont été sortis du résumé pour les décideurs — même s’ils apparaissent toujours dans le rapport complet.

Mais, dès lors qu’un consensus est trouvé, il devient très difficile pour un gouvernement de contester le texte, puisqu’il a nommé un expert qui l’a accepté. Il s’agit donc d’un processus très particulier, assuré par des scientifiques mais qui vise à impliquer le monde politique et plus largement les décideurs.


Comment ses premiers travaux ont-ils été reçus par les gouvernements ?

Ce qui est assez surprenant, c’est que le diagnostic sur le changement climatique a été pris en compte extrêmement vite. Le premier rapport du Giec est sorti en 1990. Deux ans plus tard, en 1992, le Sommet de la Terre de Rio donnait naissance à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC). Des représentants politiques de très haut niveau y ont assisté, comme Al Gore, le vice-président des États-Unis. L’idée a émergé que ce problème mondial ne pouvait être traité qu’à l’échelle mondiale.

La CCNUCC est un texte équilibré entre l’idée qu’il faut agir pour supprimer le risque climatique tout en respectant le droit au développement des pays les plus pauvres. Mais toutes les démarches concrètes sont renvoyées à des conférences des parties (COP). C’est là que ça se complique : il n’existe pas d’unanimité sur les actions à mener.

Al Gore à la tribune de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, à Rio de Janeiro (Brésil), en juin 1992.


Comment est organisé le Giec ?

Depuis sa construction, trois groupes distincts rédigent chacun une partie des grands rapports du Giec parus en 1990, 1995, 2001, 2007 et 2014.

Le groupe 1 travaille sur les aspects physiques des changements climatiques. En simplifiant, il s’agit d’un groupe d’alerte. Au début, il ne parlait que d’un faisceau convergent d’indices selon lesquels un réchauffement commençait, mais en émettant des réserves. Puis, le vocabulaire a changé au fil des rapports : en 2007, le réchauffement climatique est devenu « sans équivoque ». Il a aussi évalué la probabilité que ce réchauffement soit d’origine anthropique : de 90 % de chance en 2007, elle est passée à 95 % en 2014. Le groupe est donc passé d’une surveillance de la planète à la mesure d’un phénomène de réchauffement climatique dont on est aujourd’hui certain qu’il est lié aux activités humaines.

Le groupe 2, consacré aux impacts régionaux du réchauffement climatique — et qui inclut donc les questions d’adaptation —, a pris de l’importance au fil des années. Pendant longtemps, l’adaptation a été mal vue des pays développés, comme forme d’acceptation de la défaite et de notre incapacité à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Désormais, ils ont compris que le changement climatique est avant tout un problème d’injustice et qu’étant du « bon » côté de ceux qui souffriront le moins de ses impacts, ils sont mal placés pour faire la morale.

Enfin, le groupe 3, qui s’intéressait aux solutions pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, se concentre désormais sur l’économie : chercher des financements, des investissements dans des technologies nouvelles, etc.

Par ailleurs, le Giec réalise des rapports spéciaux, qui sont transverses et pluridisciplinaires. Un des premiers à associer les trois groupes a été le rapport spécial sur les événements climatiques extrêmes, en 2012 : les thèmes abordés vont des aléas climatiques eux-mêmes aux solutions d’investissement en passant par la vulnérabilité des territoires et l’adaptation. Deux autres rapports spéciaux vont bientôt paraître, l’un consacré à l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C et l’autre aux océans et aux glaces de mer. Pour avoir assisté à de nombreuses réunions, ces groupes de travail où se retrouvent des experts des trois groupes sont rares et riches !

L’un des deux rapports spéciaux du Giec qui vont bientôt paraître est consacré aux océans et aux glaces de mer.


Comment sont élaborés les rapports ?

Chaque cycle du Giec dure cinq-six ans. L’assemblée plénière du Giec, qui commence aujourd’hui 13 mars à Paris, entérine et valide les demandes faites au Giec, notamment par la CCNUCC — un gros rapport complet, les rapports spéciaux. Elle est constituée de représentants de chaque pays.

Ensuite, le bureau du Giec, constitué principalement de son président et responsable scientifique, Hoesung Lee, des coprésidents de chaque groupe et des vice-présidents, organise une réunion de travail où sont définis les thèmes du rapport, sa structuration en chapitres, etc.

Puis chacun des trois groupes se réunit à quatre reprises en deux ans, sur des durées d’une semaine, chaque groupe dans un lieu différent. On se met d’accord sur une structure du texte, puis chacun rédige sa part. Il peut y avoir entre quinze et vingt chapitres et jusqu’à une dizaine d’auteurs par chapitre, ceci pour chacun des groupes. Enfin, l’ossature et les textes sont revus par différents scientifiques — d’abord des gens qu’on connaît, puis toute une série d’experts jusqu’aux experts nationaux pour ce qui est du résumé final.

Le choix des experts et des auteurs du rapport par le bureau du Giec est peut-être la phase la plus critique de tout ce processus, avec des critères précis de genre, de nationalités, d’équilibre entre des personnes impliquées dans des programmes de recherche internationaux et d’autres non… Parce qu’à la fin ce sont les auteurs et non leurs laboratoires qui sont responsables du rapport, ils en sont signataires comme on signe un livre. Et comme il est fruit d’un consensus, le texte issu de ce processus n’est pas très flexible. Impossible pour un auteur de représenter le Giec en réarrangeant le texte à sa façon.


Vous qui avez participé à ces groupes de travail, qu’est-ce que cela vous a apporté ?

J’ai été contributeur en 1990 et 1995, j’ai fait partie des auteurs d’un chapitre du groupe 1 en 2001, j’ai été co-coordinateur en 2007 d’un chapitre du groupe 1 sur l’histoire scientifique des changements climatiques et enfin review editor en 2013 — la personne qui assiste silencieusement aux réunions et n’intervient que quand elle trouve que quelque chose ne va pas.

Je garde de ces réunions le souvenir d’une ambiance particulière, extrêmement intéressante parce qu’on appartient à un petit groupe et qu’on élabore quelque chose en commun. Ce n’est pas comme une conférence, où l’on fait son exposé et on écoute celui des autres. Cela crée des liens forts. En plus, le mix des nationalités est plus grand que celui des programmes internationaux de recherche auxquels on participe le plus souvent, où l’on se retrouve souvent entre chercheurs de l’OCDE.

Par ailleurs, ces réunions ont une dimension interdisciplinaire. Même si l’on travaille sur un chapitre précis, on couvre un domaine plus large que celui auquel on est habitué, avec une finalité précise — le changement climatique. Ce sont des expériences qui ouvrent et cela a contribué à me sensibiliser à certains enjeux. Je ne pense pas que j’aurais pu m’intéresser au climat comme je l’ai fait sans passer par là.

Enfin, la prise de parole publique sur les enjeux climatiques n’a rien de facile et de spontané pour un chercheur. Vous avez un domaine de discipline étroit, et quand vous sortez du labo, les journalistes vous demandent comment sauver la planète ! Pour beaucoup de scientifiques, le Giec a été l’école où l’on s’est initié collectivement à tenir un discours vers l’extérieur. De ce point de vue, cela a été plus qu’intéressant et indispensable en ce qui me concerne.


Êtes-vous préoccupé par le retrait des États-Unis du financement du Giec ?

Le Giec est structurellement pauvre, il a un budget propre très faible. Il ne rémunère pas les scientifiques qui participent à ses travaux. Ces derniers sont très souvent bénévoles et ils doivent trouver des financements nationaux pour assurer leurs frais de mission. Quand Emmanuel Macron a annoncé qu’il allait payer la contribution des États-Unis, c’était bien joué en matière de signal, mais il ne va pas ruiner le pays pour ça !

Emmanuel Macron et Donald Trump, le 14 juillet 2017, à Paris.


Et par l’état de la recherche internationale sur le climat qui sert de matière première à ses rapports ?

Effectivement, le Giec ne crée pas de connaissances. Mais, étant donnée sa portée, il attire les travaux scientifiques. S’ils savent qu’un rapport du Giec sera préparé quatre ans plus tard, les chercheurs dans les laboratoires se préparent pour essayer de participer aux exercices qui seront publiés dans le rapport. Certains de ces exercices sont même définis par le Giec, comme les scénarios de référence, même si les laboratoires ont le choix de répondre ou non à ces sollicitations.

Je dirais que globalement, la recherche a des fonds pour travailler, même s’il faut rester vigilant quand se produisent des aléas comme aux États-Unis. Je suis davantage préoccupé par la paupérisation des jeunes chercheurs. Il est très difficile d’entrer dans le métier, alors que les études sont très longues.

L’autre phénomène inquiétant est qu’on a de moins en moins de liberté dans les thèmes scientifiques qu’on aborde. On est très encadré par des appels d’offres précis qui définissent le champ de ce qu’on peut étudier pour des durées assez longues, entre trois et cinq ans. Alors qu’on est à une période où, en tant que scientifique, on devrait agir vite !

Par exemple, lors de la prochaine COP, les États doivent se mettre d’accord sur les modalités de la révision des promesses nationales — les fameuses INDC (Intended nationally determined contributions — contributions nationales volontaires) — tous les cinq ans. Il serait dommage que l’effort de recherche ne puisse pas intervenir en temps et en heure pour évaluer ces modalités et ces promesses, parce qu’une telle échéance ne se représentera pas de sitôt.


Quel bilan des travaux du Giec tirer dans la lutte contre les changements climatiques ?

Beaucoup d’idées principales sur le fonctionnement du changement climatique se trouvaient déjà dans des textes des années 1970. Les travaux théoriques sur le climat se sont développés au début du XXe siècle. Un pas supplémentaire a pu être franchi avec l’apparition des satellites. On a très tôt su beaucoup de choses.

Mais ce qui a le plus bousculé la recherche en général et le Giec en particulier, c’est qu’en dépit du diagnostic de réchauffement climatique, on émet de plus en plus de gaz à effet de serre. L’année de ma naissance [en 1956], on devait être à quatre milliards de tonnes de carbone rejetées dans l’atmosphère. Aujourd’hui, c’est dix milliards. Or, ces gaz restent une centaine d’années dans l’atmosphère, où ils s’accumulent.

Le réchauffement climatique a déjà des impacts et ce n’est pas fini. Aujourd’hui, on ne peut plus raisonner sur le climat dans une perspective descendante, où les scientifiques créent des modèles, les affinent jusqu’à l’échelle régionale et disent aux habitants de ces régions ce qu’ils doivent faire. Sur le plan épistémologique, on n’aura jamais de science suffisamment précise pour descendre à cette échelle. Et surtout, le niveau régional se définit par les pratiques des habitants, des facteurs sociologiques… On a besoin d’allers-retours constants entre le diagnostic scientifique et les décisions prises.

C’est là qu’on touche à une limite du Giec. Le groupe 2 traite bien des impacts et de l’adaptation, mais à l’échelle de régions qui sont quasiment des continents ! Il faudrait descendre plus bas, à un niveau qui serait celui des activités agricoles, des transports, avec une mission supplémentaire de transfert d’expertise où la réflexion scientifique se trouverait en lien avec une réflexion politique. Mais demander cela au Giec, ce serait l’affaiblir alors qu’il faut au contraire le protéger et le défendre.

Autre limite : si, à la fin de l’année, nous ne sommes pas en mesure de définir ce qu’est un pays qui ne présente pas d’INDC suffisante, c’est qu’il y a un manque ! Or, le Giec, créé pour le consensus, ne pourra pas le faire. Il ne pourra pas dire que la Pologne exagère et le démontrer, chiffres à l’appui. Ce groupe a été très fort pour établir un diagnostic et à le faire accepter, mais il ne s’agit pas d’un diagnostic pour trouver des solutions. Il n’est pas capable de pousser la Chine à répartir les pays en trois groupes au lieu de deux sur un diagramme, comment pourrait-il s’adresser à un pays dont il pense qu’il ne fait pas ce qu’il doit faire ? Il faut trouver un nouveau lieu pour mener cette expertise.

  • Propos recueillis par Émilie Massemin
 

 
 
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Lire aussi : Climat : voici comment travaillent les scientifiques du GIEC

Source : Émilie Massemin pour Reporterre

Photos :
. chapô : le siège parisien de l’Unesco. © Unesco
. portrait : © Émilie Massemin/Reporterre
. Al Gore : © Michos Tsovaras/Nations unies (via Climate Change News)
. iceberg :Pixabay (CC0)
. Macron : © Navy Petty Officer 2nd Class Dominique Pineiro/Joint Chiefs of Staff (CC0)

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22 février 2018 4 22 /02 /février /2018 19:39

Environnement, énergie, social, finance, entreprises et startups, retrouvez tous les débats, tendances et acteurs de l’économie responsable.

 
 

Publié le 22 février 2018

 

ENVIRONNEMENT

Avec le dégel du permafrost, le réchauffement climatique va largement dépasser les 4°C

Le permafrost renferme deux fois plus de carbone que l’atmosphère terrestre. Avec le réchauffement climatique, une partie de ce carbone est remis en circulation sous forme de CO2 ou pire sous forme de méthane. Un cercle vicieux qui fait que le dégel de ces terres gelées s’auto- alimente et accélère. Sans y mettre rapidement fin, le réchauffement risque de passer hors de contrôle.

Le permafrost couvre 12 millions de km² et renferme le double de carbone de l'atmosphère.
Adiran Wojcik

Et si un monde à 4 °C de plus en 2100 était finalement un scénario optimiste. Plus on en apprend sur le permafrost (le pergélisol en français), l’étendue des terres gelées de l’hémisphère nord, plus les scientifiques sont enclins à le penser. Dans la conférence organisée par la fondation BNP, Florent Dominé, directeur de recherche au CNRS, spécialiste des interactions neige-climat-pergélisol, alerte sur le dégel catastrophique de cette immense zone.

La fonte des terres gelées sur quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres durant l’été est un phénomène naturel… Mais avec le réchauffement climatique, le dégel se fait permanent. En conséquence, la matière organique accumulée dans le sol se retrouve libérée des glaces. "Cela représente un stock de carbone très important, dont les bactéries vont pouvoir se nourrir" libérant ainsi du CO2 ou du méthane*, explique le scientifique.

Des stocks de carbone vertigineux

Les étendues et les volumes concernés sont gigantesques. Le pergélisol recouvre 12 à 14 millions de kilomètres carrés, à comparer à la taille du Canada (10 millions de km²) ou à la Sibérie (13 millions de km²). Et on estime que cette glace renferme deux fois plus de carbone que l’atmosphère. "Une part de ce carbone va être relâchée, mais nul ne sait combien", explique Florent Dominé.

"Les projections les plus pessimistes du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) avec un réchauffement à 4 ou 5 °C n’incluent pas les processus de dégel du pergélisol", prévient le scientifique. Or selon les différentes études, 80 à 99 % des terres gelées seront à terme libérées des glaces. À la décharge du Giec, la question du permafrost est récente et sa dynamique encore mal connue. "Chaque année, on découvre de nouvelles rétroactions positives qui modifient les dynamiques thermiques en cours", explique le chercheur du Cnrs. Comprendre : plus le permafrost fond, plus il fond vite…

Par exemple, le dégel favorise la croissance d’arbustes. Or ceux-ci, empêchent la neige de se tasser, ce qui en fait un excellent isolant thermique. Telle de la laine de verre, la couche de neige va protéger le sol du froid et l’empêcher de geler en hiver. C’est ce type de phénomène qui entretient et accélère la disparition du permafrost. Or "neuf phénomènes thermiques découverts sur dix vont dans le sens du dégel de plus en plus rapide", déplore l’expert.

Mercure, méthane et méga-virus…

À la question de savoir quoi faire face à ce dégel et aux émissions qui s’en suivent, le scientifique n’a pas de recette miracle : "Il n’y a pas de solution, il ne faut pas émettre ce carbone", tranche-t-il. Et encore le carbone n’est pas la seule mauvaise surprise qui est emprisonnée dans le permafrost. En février, une étude, publiée dans le National Snow and Ice Data Center, mettait en évidence des stocks de mercure deux fois plus importants dans le permafrost que sur le reste de la Terre. Avec le dégel, ce métal va finir dans les océans et contaminer toute la chaîne alimentaire.

En 2017, ce sont des phénomènes de bulles de méthane qui sont apparues dans le pergélisol sibérien. Lorsque le socle de glace fond, les bulles explosent laissant des cratères jusqu’à 70 mètres de profondeur. Les chercheurs russes ont identifié 7 000 bulles prêtes à relâcher leur cargaison de gaz à effet de serre.

Entre 2013 et 2015, quatre types de méga-virus, des virus au matériel génétique surdimensionné, ont été découverts dans la glace. Ils étaient enfermés depuis des dizaines de milliers d’années. Leur réactivation interroge sur la santé humaine. En 2014, dans le journal du CNRS, Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses expliquaient que : "plusieurs études montrent un lien entre des pneumonies et la présence de Mimivirus (un es méga-virus, ndr) chez des patientsEt il n’est pas impossible que d’autres virus géants se révèlent eux aussi pathogènes".

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14 février 2018 3 14 /02 /février /2018 18:42
Sci-tech
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Une équipe de chercheurs américains a établi que de grandes villes du monde proches de littoraux risquent d'être inondées dès la fin du siècle. Pour ceux qui n'osent l'imaginer, des visualisations sont déjà prêtes.

De grandes villes comme Shanghaï, Bombay ou bien Londres seraient condamnées à un engloutissement total ou partiel en raison de la hausse du niveau des océans due au réchauffement climatique, selon un rapport publié dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).

Dans leur étude, les experts analysent les données satellitaires obtenues au cours des dernières 25 ans pour dresser des modèles climatiques permettant de prédire l'élévation du niveau de la mer.

Selon leurs évaluations, depuis 1993, la hausse du niveau des océans s'accélère chaque année de 0,084 millimètres. L'élévation moyenne pour cette période étant de 2,9 millimètres par an, les chercheurs prévoient que le niveau des océans augmenterait de 65 centimètres à l'horizon de 2100.

Les scientifiques ont calculé la possible expansion du volume de l'océan en fonction du niveau du réchauffement climatique, de la quantité de glace qui continuera à fondre et des conséquences des activités volcaniques.

D'après les chercheurs, l'éventuelle fonte catastrophique des glaciers du Groenland et de l'Antarctique due au réchauffement climatique global pourrait entraîner des inondations qui affecteraient surtout les côtes méridionales de la Floride, ainsi que le Bangladesh, Shanghaï et une partie de Washington.

Silicon Valley sous les eaux
Silicon Valley sous les eaux

Les montages photos présentant des vues de grandes villes dans un scénario de réchauffement global de 2 ou de 4°C ont été inclus par les chercheurs de l'institut Climate Central dans une étude rendue publique en 2015.

Rio de Janeiro sous les eaux
Rio de Janeiro sous les eaux

Selon l'un des auteurs de l'étude, Ben Strauss, la prise des mesures destinées à réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre qui dérèglent le climat pourrait toujours faire une différence et éviter des conséquences désastreuses du réchauffement à des millions d'habitants de la planète.

 

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6 février 2018 2 06 /02 /février /2018 21:38

Il existe plusieurs formes de pollution. Certaines proviennent de l’homme lui-même, comme l’utilisation des divers produits chimiques dans l’agriculture. Il en est de même pour les usines qui déversent des déchets toxiques dans la nature. Pire, il a été prouvé que les accidents nucléaires sont la cause de beaucoup de perturbations. Pour l’homme, les effets de la pollution sont tout aussi néfastes. En effet, les pollutions chroniques dégradent l’état de santé et réduisent considérablement l’espérance de vie. Une recherche a d’ailleurs démontré que 20 % des types de cancer sont causés par la pollution. Les cultures, les bâtiments et même le climat sont touchés par cette menace. Sur l’environnement, les activités humaines ont contribué grandement à la destruction de la couche d’ozone, l’augmentation de l’effet de serre, la sécheresse et le réchauffement climatique.

Toute la survie de l’humanité dépend en grande partie du climat et de la nature. Des gestes simples permettent de contribuer à la protéger, cela afin de préserver l’avenir de la planète. Il ne s’agit pas de changer de vie, mais tout simplement d’apprendre à faire les bons gestes. Tout est une question d’habitude, d’une manière de vivre et d’être.

La pollution, nous en écopons les frais

L’environnement fait partie de la source de vie vu que toute la nourriture que nous ingérons et l’eau que nous buvons proviennent de la nature. Ce qui veut dire qu’avec tous les polluants déversés, personne n’est à l’abri d’éventuelles maladies. D’où l’importance d’être vigilant et de ne pas répandre des produits en excès ni sur le sol ni dans la mer.
Neuf personnes sur dix ont des problèmes respiratoires résultant de la pollution atmosphérique. L’air qui est censé maintenir en vie est devenu un ennemi invisible. Alors, à chaque respiration, on ne respire pas que de l’oxygène, mais des particules qui s’attaquent directement au système respiratoire.

L’humanité a un avenir incertain

Actuellement, la société est en phase avec le climat, mais les temps changent. L’écosystème dans lequel évolue l’humanité se dégrade à vue d’œil entrainant avec lui le bouleversement de nos modes de vie. L’impact de ces changements se fait ressentir par endroits, chez les uns, il a des sécheresses, chez les autres, les inondations deviennent monstrueuses année après année. Ces changements anéantiront des populations tout entières.

Des petites actions pour sauver la planète bleue, et les Hommes

Des solutions pour tous ces problèmes existent. Il faut procéder à la limitation de la consommation d’énergie. Déjà, il faut savoir que l’un des plus grands enjeux écologiques de notre époque est la gestion de l’eau. L’eau est essentielle à la vie et à la survie même de la grande majorité des êtres vivants. De plus qu’elle participe à la préservation de l’environnement.

Les premiers alliés pour nous aider dans cette tâche sont les enfants. Il est plus facile de les sensibiliser à l’écologie qu’il n’y parait. On peut les initier aux bonnes habitudes environnementales et leur faire comprendre l’importance de l’environnement le plus tôt possible.

Stop aux produits chimiques néfastes

Les produits chimiques sont présents dans l’ensemble de tout ce qui nous entoure. Certains sont utilisés pour améliorer le cours de vie des êtres humains comme les médicaments, les carburants et autres. Toutefois, la plupart n’ont rien d’écologique et représentent un réel danger pour l’homme et l’environnement. Lorsqu’ils sont déversés dans la nature, les produits chimiques perturbent la productivité de l’écosystème et provoquent même une baisse de la biodiversité. Certaines substances sont plus nocives que d’autres du fait qu’ils peuvent s’introduire dans la chaine alimentaire.

Bref, nous vivons dans un monde où la nature est de plus en plus affaiblie par les êtres humains. L’environnement se dégrade de jour en jour en attendant la prise de conscience de chacun. D’où, il est temps d’agir, en faisant un geste ; en rédigeant des textes pour inciter les gens à protéger l’environnement ; en se tournant vers l’utilisation des produits BIO ; et optant pour le recyclage ou en ouvrant un blog sur l’environnement (coucou Envirolex et Recycleo !) qui interpellent les gens sur le danger qui les minent. C’est autant de petits gestes qui auront un grand impact sur notre avenir.

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  • : Le blog de Denis Laforme.
  • : Vise à mieux faire comprendre les changements climatiques, leurs causes et les amorces de solutions possibles. En ce sens, on étudie le réchauffement climatique, le climat, l'effet de serre, les cycles glaciaires-interglaciaires, les économies renouvelables, les économies d'énergie et d'autres sujets connexes.
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